De l’art de transcrire

De l’art de transcrire

Artiste attendu chaque année par les afficionados de La Roque d’Anthéron, l’immense pianiste russe Nikolaï Luganski quitte Rachmaninov à qui il a consacré tant de concerts pour un nouveau programme où chantent les polyphonies.

« Quel dommage de débuter le concert à vingt heures, les cigales couvrent le piano, déplorait l’artiste venu écouter le concert de Lucas Debargue la veille : plus tard, les insectes se taisent et le plein air est plus propice à l’écoute de l’instrument ». Repoussé d’une demi-heure, le début du concert se posait sur la toile de fond des stridulations des cigales. Pourtant, l’écoute n’en était pas moins belle. Les six pièces extraites de quatre des volumes des Romances sans paroles de Mendelssohn ouvraient la soirée. On a du mal à songer que le compositeur écrivait que « les pièces pour piano ne sont certainement pas ce que j’écris avec le plus de plaisir », tant ces camées délicatement ciselés offrent une impression de liberté.

Chaque saynète construit l’appréhension d’un sentiment d’une émotion, installe ici un dialogue aux développements mutins ou semble préfigurer des moments du cinéma muet, là, met en évidence les remuements d’une âme, tristesse, passion, nostalgie, brosse des paysages, précédant les poèmes de Verlaine qui s’inspira du titre de Mendelssohn pour le recueil qu’il rédigea en prison. On y lit « Le piano que baise une main frêle / Luit dans le soir rose et gris, vaguement »… Rien de frêle dans l’approche pianistique de l’artiste ! La légèreté de la main aborde parfois le clavier comme une harpe, sait approfondir les phrasés, leur donner une épaisseur à la lumineuse densité. Tout est contrôlé, dosé, mesuré afin d’atteindre l’idéal. Le piano sait se faire aérien dans la si preste Fileuse (opus 67 n° 4), se recentre, tourbillonne, ironise, songe… La Ballade n° 3 en la bémol majeur opus 47 de Chopin apporte ses ruptures de ton : la douceur de l’introduction est balayée par les élans furieux des accords en fa mineur, les passages chromatiques s’exacerbent sous les amples accords, les octaves rompus, les séries de doubles croches se conjuguent en un foisonnement sensible. Lui répond le chant continu du Nocturne en ré bémol majeur opus 27 n° 2, et son indicible harmonie. La Ballade n°4 en fa mineur opus 52 conclut la première partie et ses clair-obscur, ses danses lentes qui empruntent à la valse et la mazurka, médaillon aux contre-points et contre-mélodies entrelaçant deux thèmes jusqu’à l’exubérance de la coda.

Nikolaï Lugansky à La Roque d'Anthéron

Nikolaï Lugansky  © Pierre MORALES

À quatre mains ?

Préparée par le caractère épique de la fin du programme de la première partie, la seconde était dédiée à Wagner « vu par », d’abord Lugansky dans Quatre scènes de Götterdämmerung (Le Crépuscule des Dieux) puis Liszt, Mort d’Isolde, extrait de Tristan et Isolde dans sa transcription pour piano. L’élégance du jeu convie à une lecture personnelle des thèmes wagnériens. Plus qu’une transcription pour piano, il s’agit d’un dialogue par-delà les siècles entre deux musiciens. L’un expose son propos, l’autre le commente, l’orne de ses réflexions, de ses émotions, offre échos, lyrisme, emportements, songes, recompose les récits, nous bouleverse. L’assistance est suspendue à la magie qui se déploie là. Un orchestre entier vibre dans l’ossature du Steinway. Extases !
En bis, le pianiste revenait à Rachmaninov avec La Romance Opus 21 n° 5, Lilas et son Prélude opus 23 n° 7 en ut mineur avant de faire dialoguer Tchaïkovski et Rachmaninov dans la sublime Berceuse opus 16, n° 1… histoire de réconcilier la nuit et ses enchantements.

Concert donné au Parc de Florans, La Roque d’Anthéron, le 28 juillet 2024

Cordes sympathiques

Cordes sympathiques

Rémi Geniet, Jean-Frédéric Neuburger et le Quatuor Modogliani, cocktail souverain pour une nuit du piano chambriste dédiée à la musique française sous la conque de La Roque d’Anthéron.
Le Festival international de Piano de La Roque d’Anthéron joue du paradoxe en baptisant « Nuit du piano » une soirée où brille un quatuor, pas n’importe lequel, sans doute l’un des meilleurs au monde, le Quatuor Modigliani. Deux pianistes sont tour à tour à l’honneur, Rémi Geniet et Jean-Frédéric Neuburger.

La soirée conçue en deux temps s’attachait d’abord aux Valses nobles et sentimentales de Ravel, sous les doigts de Rémi Geniet dont les attaques franches et la nervosité du style se glissent avec aisance dans la partition dont le titre est un hommage aux deux volumes de valses de Schubert. Si le terme de « valse » a désorienté le public à la création tant les dissonances et les accents de ces pièces leur donnaient une apparence « aventureuse ». Pourtant, en exergue de la partition pour piano on peut lire la citation d’Henri de Régnier « le plaisir délicieux et toujours nouveau d’une occupation inutile »… Entre le côté percussif de certaines phrases et les nuances qui se coulent dans le velouté du Fazioli, le pianiste a une manière bien à lui d’habiter le silence tandis que les dernières notes appréhendent l’infime et se perdent dans la cymbalisation des cigales.

Rejoint par le Quatuor Modigliani, Rémi Geniet s’attachait à une pièce historique du répertoire français, le Quintette pour piano et cordes en fa mineur de César Franck. Les accents passionnés de l’œuvre étaient rendus par un tempo sans faille. Le ton dramatique de la première partie, Molto moderato quasi lento, prenait un tour romantique soutenu par la virtuosité des cordes, violon aérien d’Amaury Coeytaux, celui subtilement incarné de Loïc Rio, alto profond de Laurent Marfaing, violoncelle inspiré de François Kieffer. La sublime aria du deuxième mouvement, Lento, con molto sentimento, est d’une intensité prenante, tissés dans ses harmonies complexes. Enfin, le troisième mouvement, Allegro non troppo, ma non fuoco, offre des unissons de rêve, mâtinant son lyrisme d’un sentiment d’urgence où s’emporte l’âme.

La Roque d'Anthéron, Rémi GENIET, JF NEUBURGER, MODIGLIANI ©ValentineCHAUVIN 2024

La Roque d’Anthéron, Rémi GENIET, MODIGLIANI ©ValentineCHAUVIN 2024

Complicité de longue date

Après l’entracte, c’est le Quatuor Modigliani qui débutait, écho à la première partie en reprenant une œuvre de Ravel, le Quatuor à cordes en fa majeur.

On est subjugués par l’art infini des nuances, la virtuosité inventive des pizzicati, la fougue du scherzo, la musicalité du premier violon, le Stradivarius « Prince Léopold » de 1715, la poésie fiévreuse des phrasés qui équilibre les couleurs et réenchantent le monde.
Comme en clin d’œil, puisque le quatuor de Ravel est dédié à Gabriel Fauré qui était au moment de son écriture professeur de composition de l’auteur du Boléro, les quatre instrumentistes retrouvaient le pianiste Jean-Frédéric Neuburger, complice depuis plus de vingt ans pour une interprétation magistrale du Quintette pour piano et cordes n° 2 en ut mineur opus 115 de Fauré.
La beauté d’une journée d’été se voit condensée dans cette pièce qui fut utilisée au cinéma dans le film de Bertrand Tavernier, Un dimanche à la campagne. Fluidité, frémissements, paysages rêvés, été impressionniste où les strates de lumière vibrent avec une éloquente élégance… L’osmose entre les musiciens fait le reste.

La Roque d'Anthéron, Rémi GENIET, JF NEUBURGER, MODIGLIANI ©ValentineCHAUVIN 2024

La Roque d’Anthéron, JF NEUBURGER, MODIGLIANI ©ValentineCHAUVIN 2024

En bis, le Scherzo du Quintette pour piano en la majeur de Dvořák apportait le tourbillon de sa danse. Un rêve éveillé !

Concert donné le 29 juillet, Parc de Florans, La Roque d’Anthéron

Si j’ai noté le fameux Stradivarius du premier violon, les autres musiciens ne sont pas en reste pour jouer sur de petites merveilles à la hauteur de leur talent :

Loic Rio joue un violon de Guadagnini de 1780
Laurent Marfaing joue un alto de Mariani de 1660
François Kieffer joue un violoncelle de Matteo Goffriller « ex-Warburg » de 1706

La Roque d'Anthéron, Rémi GENIET, JF NEUBURGER, MODIGLIANI ©ValentineCHAUVIN 2024

La Roque d’Anthéron,  MODIGLIANI ©ValentineCHAUVIN 2024

Jeune étoile

Jeune étoile

Le Festival de la Roque d’Anthéron offre surprises et découvertes : le jeune pianiste et compositeur géorgien, Tsotne Zedginidze a ébloui le public de la conque.
Avec l’assurance tranquille d’une jeunesse qui ne cherche pas l’effet ni ne se targue de quoi que ce soit, Tsotne Zedginidze débutait son récital par l’une de ses propres compositions, un Impromptu époustouflant de maturité. 

Le tissage des accords, le travail des nuances, le caractère interrogatif de l’incipit, les résolutions qui empruntent à l’atonal puis se lovent dans la fluidité de thèmes aux multiples échos, placent d’emblée le jeune compositeur dans son siècle, réunissant les courants du XXème et leur apportant une sorte de conclusion qui les réconcilie.
En regard de cette pièce, répondait l’Impromptu opus 90 n° 3 D.899 de Schubert, Andante mosso en sol bémol majeur, dont l’interprétation délibérément sur un tempo lent, le terme « mosso » étant compris ici comme « ému » et non « mouvementé », comme si la musique apprivoisait le frémissement des cigales dans la moiteur de la fin de journée. La douceur des envols est sans doute liée à l’évocation de la princesse Rosamunde, surnom donné à cette partition, car son thème correspond à une variation de la musique de scène que Schubert utilisa pour la pièce éponyme…

Tsotne Zedginidze au Festival de La Roque d'Anthéron

Tsotne Zedginidze  © Jérémie Pontin 2024

S’inscrivant dans la tradition d’un Liszt, Tsotne Zedginidze se livre lui aussi à des variations sur les œuvres de ses prédécesseurs. Il présentait ainsi Dedication to Ravel and Debussy, subtil entrecroisement de thèmes célèbres des deux compositeurs, mêlé à ses propres réflexions.

Une rêverie s’orchestre autour de musiques aimées, les reprend, les module, les traduit à l’aune de sa sensibilité. Le voyage se prolonge lors de Piece to Japan où sont brossés les paysages d’un univers fantasmé, pages d’un carnet de route qui se plaît aux errances… L’Improvisation sur L’Anneau du Nibelung de Wagner subjuguait par sa fermeté de composition et sa fantaisie virtuose.

En deuxième partie, le jeune pianiste s’attachait au triptyque que Ravel composa sur les trois poèmes pour piano d’Aloysius Bertrand, Gaspard de la nuit. Là encore il s’agit d’une transposition : Ravel transcrit musicalement les mots du poète en une osmose qui laisse transparaître les ombres.
Tour à tour émergent Ondine, cette nymphe qui tente de séduire un humain afin d’obtenir une âme immortelle, le Gibet et son pendu qui assiste à son dernier coucher de soleil, Scarbo, le petit gnome porteur de funestes présages. Le pianiste privilégie à la noirceur, la beauté des mélodies et les enrobe d’une douceur parfois malicieuse.

Tsotne Zedginidze au Festival de La Roque d'Anthéron 2024

Tsotne Zedginidze  © Jérémie Pontin 2024

Ovationné par le public il offrira en bis son Prélude n° 2, condensé de finesse sur le velouté du Fazioli choisi pour le concert. Merveilles !

Concert donné le 24 juillet, Parc de Florans, La Roque d’Anthéron

Une ouverture concertante

Une ouverture concertante

En ouverture de la 44ème édition du Festival international de Piano de La Roque d’Anthéron, René Martin, son directeur artistique, a choisi de placer le piano dans l’écrin de la forme concertante en conviant l’immense pianiste Maria João Pires  
Alors que les cigales se livrent à leurs harmonies dans les grands arbres du parc de Florans, les premières notes du festival mythique de La Roque d’Anthéron ouvrent le mois d’effervescences musicales de l’été. Ce n’est pas le piano qui résonne d’abord, il faut une préparation, « s’habiller le cœur » comme le disait le Renard au Petit Prince de Saint-Exupéry.  L’Orchestre de chambre de Paris dirigé de l’archet par le violoniste et soliste Gordan Nikolić interprétait d’abord le Concerto pour violon et orchestre n° 4 en ré majeur K. 218 de Mozart. La musique un peu lointaine, d’une grande qualité d’écriture mélodique, était servie avec une infinie douceur par l’orchestre et le soliste qui s’emporte avec une passion bondissante qui le suivra même assis dans les pièces suivantes.

Sublime simplicité

Le temps d’un changement de configuration, le Steinway de concert était installé pour une autre œuvre de jeunesse de Mozart, le Concerto pour piano et orchestre n° 9 en mi bémol majeur K.271 « Jeune homme ». Attendue par une salle bondée, la mozartienne Maria João Pires lui réserva un moment suspendu : aucune recherche de démonstration virtuose, une approche précise de la partition, une lecture de l’œuvre qui la rend d’une évidence confondante. Tout s’articule en un lumineux dépouillement. « Rien de trop », tout est déjà là, puissant, coloré, nuancé. La soliste donne les premières mesures, vite rejointe par un orchestre galvanisé par sa présence. Rarement les artistes éblouissent de cette manière : pas besoin de détour par des acrobaties vertigineuses qui transportent les amateurs de rodéo pianistique ! La noblesse du ton, la souplesse du chant, la délicatesse du jeu, dialoguent avec élégance avec l’orchestre, servent les cadences avec brio. Juste parfaite ! 

M J Pires G Nicolić Orchestre de chambre de Paris 15 © Valentine Chauvin 2024

M J Pires G Nicolić Orchestre de chambre de Paris 15 © Valentine Chauvin 2024

La pianiste offrit à la salle enthousiaste l’andante de la Sonate pour piano n° 10 en do majeur de son cher Mozart, inventivité subtile, modulations aériennes… de l’émotion à l’état pur.

Petite symphonie

Après l’entracte, l’Orchestre de chambre de Paris proposait la courte (26 minutes) et ciselée Symphonie n° 8 en fa majeur opus 93 de Beethoven. On pouvait s’amuser à retrouver ici et là des accents propres à Mozart ou Haydn, hommage du compositeur à ses prédécesseurs ? Quittant les cors naturels pour les cors d’harmonie et entrer de plain-pied dans un autre siècle, la couleur de l’orchestre s’en voyait changée, les instruments brillants gagnent alors en netteté dans leurs phrasés. La beauté rigoureuse de l’œuvre, sa forme condensée, sont magnifiées par une interprétation flamboyante qui sait aussi bien se glisser dans les échos de la Pastorale que dans un finale pyrotechnique.  Le public en redemande, et l’Andante de l’Orfeo et Euridice de Gluck, sublime, referme la soirée.

Le 20 juillet Parc de Florans La Roque d’Anthéron

Éternels retours

Éternels retours

Le premier roman de Dominique Pietri, Juste une île, paru chez Scudo, s’appuie sur une histoire vraie. Au cœur du chassé-croisé des époques, il est un point d’ancrage, la Corse

Dès la dédicace, les lieux sont personnifiés : « À Tildette et ses sœurs. À la Corse protectrice ». Les premières pages, tel un prologue, nous invitent dans une maison de retraite sur le continent. Tildette, une très vieille dame, elle vient d’avoir quatre-vingt-quinze ans, monologue dans une entrée en demi-teinte, souvenirs sans regrets et un présent qui pèse. Le passage au discours direct d’un dialogue avec l’une de ses sœurs scelle le coup de théâtre : « elle nous a retrouvées ? /- Qui elle ?/- La Corse »…  

Le texte construit en trois parties, « Personne n’est à l’abri », « Il ne s’est rien passé tant qu’on ne l’a pas écrit », « Au cœur d’une île », se plaît aux échos, aux distorsions, aux faux parallèles, aux prénoms semblables à des années d’intervalle, aux souvenirs qui se chevauchent mais différent selon les mémoires familiales. Si les époques se répondent, les miroirs en sont biaisés et c’est dans ces interstices, ces fêlures que tout s’orchestre. La première est un burn-out qui conduit Léa, à se recentrer et à répondre positivement à la proposition de son amie d’enfance : reprendre sa librairie à Ajaccio. Était-ce parce que l’on ne part que pour mieux revenir ? La jeune femme y retrouve un équilibre. C’est là qu’elle rencontrera, au café, un vieux monsieur, Petru, qui lui demandera d’enquêter sur une famille juive, réfugiée en Corse durant la guerre et dont le souvenir a été transmis par ses parents. Voici Léa devenue malgré elle enquêtrice. 

Au-delà de l’anecdote fondatrice, il y a surtout dans ce texte l’abord simple et profond de grands thèmes : la tradition dans laquelle on s’enracine mais dont il n’est pas nécessaire d’être prisonnier sans la renier, le féminisme revendiqué par Matéa, et plus sobre chez Léa qui admire le courage de son amie d’enfance, la lutte contre les obscurantismes qui ont conduit aux exterminations du siècle dernier… La narratrice sourit aux côtés de Léna avec qui elle partage son café du vendredi : « Nous notre liberté, nous l’avons grâce à cette mer qui nous protège encore de ces nouveaux nazillons et de nos excès. Vous et moi, connaissons le prix à payer, les efforts à faire et les renoncements à accepter, pour savourer cette liberté tous les jours ». La Corse qui n’a pas dénoncé un seul juif durant la seconde guerre, qui les a protégés, a reçu le titre de Juste. « Nos parents, explique Léna, n’ont pas cherché à être Justes. Ils ont juste fait ce qu’ils devaient faire, ce qu’ils ont toujours fait. Elle est là la nuance ! Ils n’avaient pas le temps de s’interroger sur leurs actes, leurs décisions, leurs paroles. » Le temps présent se relit à l’aune du passé, les traces se recoupent, se découvrent.  

Juste une île, Dominique Pietri

Hymne à la Corse, à sa complexité, sa beauté, sa force, son humanité, sans jamais tomber dans le cliché ou la description touristique, l’ouvrage est aussi un hommage aux livres. Chaque chapitre à partir de la deuxième partie du roman, moment où le personnage principal revient en Corse pour s’occuper de la librairie, est adorné d’une citation d’auteur en exergue et en semble le prolongement naturel. On passe de Cicéron à Quignard, de Cyrulnik à Joe Bousquet, de René Char à Montesquieu, de Danielle Casanova à Marcel Proust ; quelques proverbes corses s’invitent, « un Corse ne s’exile jamais, il s’absente »… L’amour de la littérature imprègne de ses références tout le texte, des poèmes se glissent au cœur du texte lorsque la prose plus cartésienne est impuissante à englober la puissance des émotions.

On se laisse séduire par le récit, la véracité des personnages, la manière d’épingler les éléments de langage qui sclérosent les relations de travail et nient les êtres.

« Ce livre est la trace écrite d’une promesse faite, il y a plus de sept ans » précise l’autrice dans les notes qu’elle livre à la fin de son texte. On attend les promesses à venir !

Juste une île, Dominique Pietri, éditions Scudo