De l’imitation des mythes

De l’imitation des mythes

S’inspirant du récit de celles que la mythologie grecque désignait sous l’appellation « les Déesses », autrement dit, Déméter et Perséphone, la dramaturge Pauline Sales compose un spectacle théâtral et musical créé en novembre 2024, Les deux déesses. Elle y articule le récit mythologique dans une perspective qui rejoint les préoccupations actuelles de l’écologie, du féminisme, de notre relation au corps, de la place de la femme dans nos sociétés mais aussi des relations complexes qui peuvent exister entre parents et enfants, entre mère et fille, et du passage à l’âge adulte. Le fil narratif est simple, Déméter harcelée par son frère Poséidon vient se plaindre à un autre membre de sa fratrie, Zeus, qui la viole, une enfant naît, Perséphone, qui à son tour sera enlevée par son oncle, Hadès, qui est le dieu des Enfers, le séjour des morts. Déméter désespérée refuse de faire pousser quoi que ce soit plongeant la terre dans une période de famine, tant qu’elle n’aura pas retrouvé sa fille. Un compromis sera scellé, Perséphone qui est attachée au monde des morts pour avoir mangé quelques grains de grenade, devra passer la moitié de l’année (ou trois mois selon les versions) auprès d’Hadès devenu son époux et l’autre partie à l’air libre avec sa mère. Ainsi naissent les saisons : l’automne voit mourir la nature et l’hiver est sans récolte, le printemps assiste à la réunion de la mère et sa fille et tout reverdit… 

 Petit détour par les mythes fondateurs 

Les mythes fondateurs ne sont pas tendres, on le sait, guerres, trahisons, meurtres, enlèvements, viols, rien n’est épargné ! Cependant, chaque épisode est une manière de rendre compte du monde, des climats, des reliefs, des cycles des saisons… l’inexplicable de chaque époque y trouve une résolution et des façons d’affronter les difficultés. Loin du conte, le mythe ne commence pas par « il était une fois », chacun de ses protagonistes a une personnalité et des attributs bien définis, même si ces derniers évoluent selon les époques et les lieux de leurs récits (Artémis sera déesse de la fécondité à Éphèse et protectrice de la chasteté en Grèce !). Les versions de chaque récit sont multiples. Si l’on reprend le Dictionnaire de la mythologie grecque et romaine de Pierre Grimal, les épisodes et les variantes pullulent.

Aussi, Pauline Sales choisit dans le corpus du mythe ce qui sert son propos et l’adapte à notre contemporanéité. Elle présente Déméter et ses frères, Zeus ou Poséidon, tous trois de la deuxième génération des Olympiens, enfants de Cronos et de Rhéa, comme des jeunes gens qu’elle fera grandir. Elle écarte l’assouvissement des pulsions de Poséidon envers Déméter (la légende veut que pour échapper à celui-ci, lors peut-être de sa quête de Perséphone, elle aurait pris la forme d’une jument, en vain, Poséidon se transformant alors en étalon. Naquirent ainsi le cheval Aréion «aux crins d’azur » et une fille dont le nom était réservé aux initiés et désignée par l’appellation « La Maîtresse », «Despoina »), fait partir la déesse de l’Olympe dès qu’elle se voit enceinte des œuvres de Zeus, alors que dans la plupart des versions elle quitte le séjour des dieux après l’enlèvement de sa fille.

Les deux Déesses/ Pauline Sales / Théâtre des Ateliers © Gagliari

Les deux Déesses/ Pauline Sales / Théâtre des Ateliers © Gagliari

L’union de Zeus et de Déméter est dans la pièce un viol, dans d’autres textes, la déesse fera partie des épouses du roi des dieux, de même que Déméter est dans les mythes primitifs (selon Louis Séchan et Pierre Lévêque) une « déesse-Terre » associée à Poséidon (la violence subie de la part du dieu l’aurait fait surnommer Érinys, ou « La Noire » (Mélaina, Mέlaina) tant sa colère fut grande… Il ne s’agit plus ici d’une jeune fille qui vient se plaindre à l’un de ses frères des propos déplacés d’un autre.
Bref, « tout objet cosmique a une histoire. Cela veut dire qu’il est capable de « parler » à l’homme. Et parce qu’il « parle » de lui-même, en premier lieu de son « origine », de l’évènement primordial à la suite duquel il est venu à l’être, l’objet devient réel et significatif. Il n’est plus un « inconnu », un objet opaque, insaisissable et dépourvu de signification, bref, « irréel ». Il participe au même « Monde » que celui de l’homme » (Mircea Eliade, Aspects du mythe)

 Rendre actuels les mythes 

Le mythe explique, mais garde son épaisseur de mystère. Sa force réside là, dans sa capacité à pouvoir nous parler encore. Pauline Sales montre des femmes qui doivent se construire malgré les violences subies, exister par leur talent propre, la première par son pouvoir à rendre la nature fertile, la seconde se découvrira une puissante capacité d’empathie qui allège aux morts leur séjour dans le royaume d’Hadès. C’est par là qu’elle s’émancipe et trouve son nom : de Koré (« la jeune fille ») lorsqu’elle vit avec sa mère, elle devient Perséphone à partir du moment où elle règne sur les Enfers.

La pièce nous parle de la manière de se reconstruire après une violence subie, de la puissance de la vie, de la force des femmes qui ne s’enferment pas dans le ressassement de la douleur mais la dépassent, créent, décident. Déméter choisira lors d’une fête de mariage l’amour de Iasion, et le laissera, parce que libre, elle refuse de s’enfermer dans une relation quelle qu’elle soit. Perséphone exigera de sa mère qu’elle aime de la laisser indépendante et d’accepter le fait qu’elle ait grandi…  L’amour mal compris peut aussi étouffer. La mère grandit aussi, grâce à son enfant.  

Les deux Déesses/ Pauline Sales / Théâtre des Ateliers © Gagliari

Les deux Déesses/ Pauline Sales / Théâtre des Ateliers © Gagliari

La compagnie d’entraînement signait ici son travail final de l’année. Le choix de la pièce était le résultat du stage de trois jours en avril aux côtés de la dramaturge Pauline Sales, autrice associée à la promotion 2024-2025. Le directeur du théâtre des Ateliers, Alain Simon, a d’abord laissé les jeunes comédiens se confronter au texte afin d’imaginer par eux-mêmes un casting, une mise en scène. Ensuite, les propositions sont analysées, replacées dans une vision d’ensemble, le casting un peu remanié, le rythme réorchestré en une dynamique plus vive. 

Le résultat est remarquable de cohérence, de fluidité. La drôlerie vient en contrepoint du drame, les écueils du pathos sont évités avec finesse. La musique (Noé Das Neves (à la création sonore) et Loup Cousteil-Prouvèze) ne crée pas d’intermèdes mais se coule dans la narration comme une autre forme du discours qui passe par les voix parlées ou chantées en un même élan, le chant n’étant qu’une modulation autre de ce qui est mis en scène. Les mouvements scéniques, les changements d’acteurs et d’actrices selon les étapes de mûrissement des personnages, sont menés avec clarté et intelligence. 

Les deux déesses: Théâtre des Ateliers © X.D.R

Les deux déesses: Théâtre des Ateliers © X.D.R

Les costumes inventifs désignent efficacement les différents protagonistes. Les références filmiques, picturales ou quotidiennes contribuent à une approche familière qui ne désacralise pas le mythe mais le rend accessible et en dessine les échos dans notre monde : lutte des femmes pour leur émancipation, des mouvements de la Terre pour la protéger alors que l’on constate à l’échelle du globe des pénuries alimentaires, de chaque être pour se construire…

La réécriture est fortement rythmée, portée par une troupe aussi enthousiaste qu’espiègle. Comment ne pas tous les citer : Paul Alaux, Matthias Borgeaud, Cléo Carège, Loup Cousteil-Prouvèze, Noé Das Neves, Alice Nédélec, Mathilde Stassart, Sann Vargoz, Katja Zlatevska, dans les belles lumières de Syméon Fieulaine. N’oublions pas l’assistante stagiaire, Marianne Estrat. Quel superbe travail collectif ! Le final qui fait se rejoindre les trois interprètes de Déméter, comme dans les Trois âges de la femme de Klimt et Perséphone qui l’accueille dans la mort est bouleversant.

Les deux Déesses/ Pauline Sales / Théâtre des Ateliers © Gagliari

Les deux Déesses/ Pauline Sales / Théâtre des Ateliers © Gagliari

Les êtres se retrouvent, réunissant en un seul mouvement tout ce qui les compose en un temps unique qui comprend toutes les étapes d’une vie. Et c’est ici que commencent les grands Mystères, mais Éleusis est une autre histoire.

Ce spectacle a été joué sept fois du 12 au 19 juin 2025 au théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence

Airs de printemps

Airs de printemps

Autour de la Pentecôte, le rendez-vous rituel du Chantier, cet atypique et indispensable centre de création des Musiques du monde, Le Festival des Printemps du monde, trouve de nouvelles manières d’exister malgré la dureté des temps. Bien sûr, le « noyau central » reste à Correns, se partageant les lieux emblématiques du village, Fort Gibron, église, salle de la Fraternelle, scène sous les arbres… Mais il essaime désormais sur la région, hante Cotignac, Brignoles, Saint-Maximin, Châteauvert, Draguignan, initie des master classes, ouvre ses portes à des scènes ouvertes au cours desquelles se produisent des groupes amateurs dirigés par des artistes dont nombre de créations ont vu le jour au Chantier. Frank Tenaille, infatigable directeur artistique du Chantier, présente chaque concert en resituant les différents types musicaux dans le temps et la géographie, avec une érudition époustouflante qui a le talent de rendre familières des approches nouvelles de l’univers musical. Les pays deviennent alors des points d’ancrage à la dimension de la planète. On passe d’un continent à l’autre, on est convié à explorer les formes musicales les plus incroyables avec délectation.

Des vertus de l’oblique

Ainsi, dans l’étroite cour intérieure de Fort Gibron, au sommet du village, on pouvait écouter Isabelle Courroy dans un concert exceptionnel baptisé La brebis noire. L’artiste en expliquait le titre : « je joue la flûte kaval, instrument qui, traditionnellement n’est pas destiné aux femmes. Aussi, dans le monde des instrumentistes de la flûte kaval, je me sens à part, comme une « brebis noire ». D’autre part, face aux géométries verticales et horizontales, -la flûte à bec est verticale, la flûte traversière horizontale-, la flûte kaval est oblique. Je me sens oblique avec des milliards d’angles possibles, et j’aime m’inscrire dans cette idée-là, d’une infinie liberté ».

Plus tard, elle livrera la traduction du terme « kaval », tout simplement « flûte » en turc, mais aussi, et cela rend le mot tellement poétique, « promesse » en persan et « la parole » en arabe. « La brebis noire » est aussi un hommage à l’un des thèmes emblématiques des bergers d’Anatolie, « Kara Koyun » (mouton ou brebis noir(e) en turc), joué avec la technique de la respiration circulaire. Quarante ans de recherche, sur la relation entre l’instrument et les mythes cosmogoniques, leur facture, permettent à l’artiste de lancer le « pari un peu fou » d’aborder le concert « sans préparation préalable, dans une improvisation totale en symbiose avec les martinets et le vent». 
Le concert en lui-même était empreint d’une puissance évocatrice rare, en harmonie avec les éléments.
Dédié à l’improvisation, le spectacle obéissait à l’humeur du moment, à l’écoute des auditeurs, aux chants des oiseaux qui traversaient parfois l’espace scénique, presque à frôler l’artiste, aux effluves irréguliers du vent, aux fragrances de la lumière, aux frémissements de l’ombre.

Isabelle Courroy / Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Isabelle Courroy / Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Le travail sur la texture des instruments, le passage du souffle dans les tubes de bois d’essences diverses (arbres fruitiers, roseaux…), les variations d’intensité, la force percussive de l’air, les mélodies dont chaque note semble condenser tout un univers, transportent dans le fil d’une poésie qui s’accorde aux lieux, les peuplant d’une magie nouvelle qui sait épouser jusqu’aux frontières du silence.

Répétitions incantatoires, chant mimétique de celui des oiseaux, les notes dansent, se moquent des vrombissements d’un avion de passage, renouent avec la lumière habitée des pierres…
« Le berger a tout son temps, sourit Isabelle Courroy, son instrument est né de la végétation qui l’entoure, si bien qu’on ne sait pas si c’est le berger qui maîtrise le sauvage ou l’inverse !
Le langage du kaval permet de communiquer avec les animaux, de les retrouver, abolissant la frontière entre les mondes ».
Toutes les techniques sont convoquées, du simple souffle à celui de la diphonie, en passant par toutes les variations possibles. L’artiste dévoile les secrets de ces flûtes, époustouflant son public en jouant un court morceau avec un simple programme roulé sur lui-même !

Isabelle Courroy/ Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Isabelle Courroy/ Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

En bis elle s’empare d’un instrument totalement improbable (sans doute conçu pour une création avec le compositeur contemporain Zad Moultaka), un assemblage de trois tuyaux de plastique transparent, avec lesquels s’établit une respiration étonnante qui dessine des rythmes complexes avant de se former en un étrange récitatif puis en chant aux volutes déliées.

Pouce, piano !!!

« Il est le fils du grand mathématicien, récipiendaire de la médaille Fields en 1966, Alexandre Grothendieck, que j’ai eu le privilège de connaître, affirme lors de sa présentation Frank Tenaille. » Alexandre Grothendieck, surnommé Alex, se défend bien de toute accointance avec les mathématiques de son père. Sa voie à lui est celle de la recherche autour d’un instrument dont l’histoire remonte à plus de 3000 ans sur la côte ouest africaine.

Facteur et interprète de Kalimba, ce petit instrument de musique de la famille des percussions, il en montre toutes les capacités à un public qu’il fera chanter parfois à plusieurs voix sur des airs traditionnels. Il reviendra sur la facture du « piano à pouce » qui se nomme aussi Mbira, Sanza, Likembé, ou encore « piano à doigts ». Partageant un savoir mûri durant plus de vingt ans, exercé dans son atelier du Ventoux, mais aussi nourri de rencontres avec les plus grands spécialistes de cet instrument, il en détaille les sonorités qui dépendent de sa taille mais aussi du type de bois utilisé, uniquement des bois massifs, tilleul, merisier, noyer, hêtre ou acajou, pour la table, ébène pour le chevalet avant, chêne pour le chevalet arrière, sans compter l’amarante et le buis pour les prototypes. L’âge n’empêche pas une recréation permanente ! aux bois s’allient les métaux, cuivre, acier plein, laiton, lames d’acier…

Alexandre Grothendieck/ Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Alexandre Grothendieck/ Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Kalimbas d'Alexandre Grothendieck: Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Kalimbas d’Alexandre Grothendieck: Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Ces lamellophones ont eu (et la conservent dans certaines circonstances) une fonction sacrée et thérapeutique, mais la musique contemporaine, le jazz, l’électro, s’en sont emparé en le sonorisant.
Il y a quelque chose d’émouvant dans l’écoute de ces instruments (le musicien en présenta toute une panoplie de diverses formes et tailles) où le bois et le métal s’accordent, dans des chants des origines du monde alors qu’une entente existait encore entre les êtres humains et leur milieu. Le voyage nous emportait au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Congo, au Cameroun, utilisant les langues vernaculaires, Lingala, Wolof, Bambara… soulignant l’artificialité des frontières coloniales qui ne tenaient absolument pas compte des peuples et taillaient l’espace à l’aune de l’appétit des vainqueurs.

Départ pour le Brésil

La scène ouverte au théâtre de verdure accueillait le chœur amateur de La Roda, dirigé par la mandoliniste, parolière et compositrice Claire Luzi.

Des histoires de bateau et d’amours, des chansons d’Abel Luiz, le bonheur du partage du choro, un zeste de samba, l’invitation sur le plateau de Cristiano Nascimento et sa guitare à sept cordes et de Dominique Olivier-Libanio à la flûte traversière, un chant superbement en place, des voix justes, tout se conjugue en un plaisir communicatif qui enthousiasme le public.
L’ensemble amateur, initié tout au long de l’année aux chants traditionnels, percussions instrumentales et corporelles sert avec talent le répertoire que les artistes de La Roda affectionnent et transmettent avec une humanité à la hauteur de leurs immenses qualités d’interprètes. 

Ensemble de La Roda/ Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

Ensemble de La Roda/ Les Printemps du Monde 2025 © M.C.

La même qualité de travail se retrouve le soir avec la classe de 4ème CHAM du Collège Lei Garrus de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume sous la houlette de leur professeur de musique Jérôme Bisotto et de Simon Bolzinger qui a animé avec eux un cycle d’ateliers de composition, le tout en relation avec les professeurs de conservatoire de l’ensemble.

Les élèves dansent, sont en rythme, osent de très jolis solos, mêlent couleurs instrumentales et fils mélodiques. C’est superbe ! Le Salsa Jazz Quintet de Simon Bolzinger s’ajoute à la fin de la performance, transition joyeuse pour son propre concert. Les complices que sont Simon Bolzinger (piano et direction), Maura Isabel Garcia Bravo (chant), Willy Quiko (contrebasse, basse), Yoandy San Martin (percussions), Luca Scalambrino (batterie), s’en donnent à cœur joie sur scène, invitant le public à la danse, mariant les accords du jazz à ceux de la salsa avec une énergie vivifiante.

Fabrique à musique - Collège Lei Garrus - Simon Bolzinger - Photo © Zoé Lemonnier

Fabrique à musique – Collège Lei Garrus – Simon Bolzinger – Photo © Zoé Lemonnier

Le festival de Correns c’est aussi un art de la fête, porté ici à son pinacle.

Concerts donnés le 7 juin 2025 lors des Printemps du monde à Correns.

Des vertus du dédoublement

Des vertus du dédoublement

La Vague Classique de Six-Fours a le talent d’inviter dans des cadres intimes les musiciens que l’on voit d’habitude sur les grandes scènes nationales et internationales, établissant une proximité de choix entre les interprètes et leur public. À peine quelques mètres séparent la scène et les sièges des spectateurs, si bien qu’une familiarité nouvelle s’instaure. À la Maison du Cygne, le plein air ajoute au charme des soirées, telles des salons hantés d’oiseaux et des souffles du vent dans les frondaisons des arbres qui bordent les lieux.

La programmation concoctée par Gérard Lerda, directeur artistique de ce festival qui tient la ville balnéaire de la fin du printemps aux marges de l’automne, convoque les grands noms d’aujourd’hui. Dimanche 8 juin, le pianiste Lucas Debargue venait présenter un concert atypique au cours duquel il se confia souvent. Touchant, il commençait par une improvisation : « une manière de commencer avec quelque chose qui n’existe pas », expliqua-t-il. Sa manière impressionniste épousait la poésie des lieux et le jeu clair du pianiste séduisait d’emblée l’assistance avant la présentation de la première partie, « espagnole », passant d’Isaac Albéniz à Claude Debussy, Domenico Scarlatti et Maurice Ravel.

Lucas Debargue ©Six-Fours/ Vague Classique /8Juin2025

Lucas Debargue ©Six-Fours/ Vague Classique /8Juin2025

Tout débutait par une pièce d’Isaac Albéniz, Evocación, sans doute, le choix n’était pas innocent : fascinante fut la personnalité du compositeur catalan, enfant fugueur, épris de liberté, pas plus andalou que guitariste même si aujourd’hui on le connaît surtout pour cela ! Pianiste de génie, le jeune Albéniz donna son premier concert au Théâtre Romea à Barcelone. Les spectateurs étaient tellement admiratifs devant la prestation du jeune garçon que certains passèrent derrière le rideau de scène pour vérifier qu’aucun autre pianiste n’y était caché ! Admis au Conservatoire de Paris à sept ans, il en sera renvoyé assez vite car trop inattentif. Il préfèrera au Conservatoire de Madrid qui le reçut la carrière des concerts au cours desquels il adorait se livrer à des improvisations (sic !). De quoi plaire au concertiste du jour !


La première pièce de son Livre I d’Iberia, Evocación, dédiée à l’épouse d’Ernest Chausson et dont la première interprète fut la pianiste Blanche Selva (le compositeur étant alors très malade), s’inscrit dans l’esprit de l’improvisation initiale de Lucas Debargue, toute de nostalgie lyrique, de poésie délicate où les thèmes populaires du Jondo flamenco se mêlent à une esquisse plus intime et impressionniste. Estampes de Claude Debussy dessine une rêverie aux fragrances espagnoles, se refusant aux prouesses techniques au profit d’une expression personnelle. Suivaient trois Sonates de Scarlatti (K.206, K.208 et K.24), le compositeur préféré du pianiste. Scarlatti, né en Italie, vécut très longtemps à la cour d’Espagne, et ses pièces sont à la fois théâtrales et humoristiques comme un tableau de Vélasquez.

Lucas Debargue ©Six-Fours/ Vague Classique /8Juin2025

Lucas Debargue ©Six-Fours/ Vague Classique /8Juin2025

Enfin, Alborada del Gracioso de Maurice Ravel apportait ses accents percussifs, rapprochant l’œuvre de l’esprit d’un Prokofiev alors que le morceau narre une anecdote cocasse, montrant un personnage grotesque donnant l’aubade à une jeune fille…
Après l’entracte, l’atmosphère changeait. Les tableautins de genre laissaient la place à une suite de pièces de Gabriel Fauré, très peu jouées en concert. Mazurka opus 32, Barcarolle n° 9, Nocturne n° 12, Impromptu n° 5, Valse-caprice n° 4, déployaient leur vivacité élégante, leurs dissonances, leurs éclats virtuoses, leurs variations de gammes, leurs échos d’œuvres aimées, Chopin, Liszt, airs traditionnels… Cette manière de mêler les références et les genres était au cœur de la composition que proposait enfin Lucas Debargue, une Suite Française, dans laquelle il avoua avoir condensé la plus grande partie des souvenirs des auteurs aimés, allant du baroque au jazz.

Cette suite comprend cinq mouvements répondants aux noms traditionnels du genre, la « première grande forme » écrite par le pianiste qui sourit en la décrivant au public, « j’y ai inclus plein de musiques que j’aime, et j’ai tout mis dans le mixer ! La gigue qui referme cette Suite est impossible à jouer tant elle est difficile, priez pour moi !».  Le littéraire de formation qu’il est, semble ici multiplier les notes de bas de page, et on aimerait réécouter certains passages pour affiner nos intuitions, ici, une page en contrepoint pour Bach, là, des passages arpégés à la Debussy, un souvenir de Ravel, une verve proche de celle d’un Prokofiev. Le musicien s’amuse de cette compilation dont les pages choisies sont passées à la moulinette de sa sensibilité.

Lucas Debargue ©Six-Fours/ Vague Classique /8Juin2025

Lucas Debargue ©Six-Fours/ Vague Classique /8Juin2025

Certes, un petit cabotinage le poussait à évoquer le « dédoublement » entre son travail de composition et celui d’interprète, Mais comment lui en vouloir !
Les bis qui suivirent formaient une troisième partie, une transcription du pianiste d’Après un rêve de Gabriel Fauré, occasion de revenir sur les modalités du passage d’un instrument à l’autre ou d’un orchestre à un instrument seul, « il est impossible de calquer totalement les œuvres, mais il faut les adapter à l’instrument auquel on les destine, traduisant l’esprit des pièces, mais aussi en conservant celui du piano ! », le monument qu’est la Deuxième Ballade de Liszt, « avec lui, il y a toujours une histoire ! », enfin, refermant le concert comme il avait commencé, Lucas Debargue offrait une improvisation « allant vers le jazz », selon ses termes. Brillant !

Concert donné le 8 juin 2025 à la Maison du Cygne dans le cadre de La Vague Classique de Six-Fours.

Épeler le monde

Épeler le monde

« Je n’explique pas les mots. Je n’explique que les formes. Ce qu’elles contiennent m’échappe. Tu n’expliques pas que je parle non plus. » (à la surface, p. 49).
Dorothée Volut se livre au fur et à mesure de ses parutions, L’écriture m’a donné une enveloppe (Contre-Mur), Comme tous les enfants (éditions précipitées), Et quand tenu dans la lumière (Fidel Anthelme X), Scènes extérieures, (Contre-pied), Alphabet, À la surface, Poèmes premiers (éditions Éric Pesty). Une petite musique sourd de chacun de ses ouvrages, simple, évidente presque, et d’une pertinence rare qui sait allier les divers modes de perception de ce qui l’entoure en un mode parfois synesthésique. Parfois l’auteure pose de courtes notes sur la page, impressions délicates, esquisses vives qui donnent à imaginer une atmosphère, une respiration, l’âme des lieux.

Le titre de son nouvel opus, Contour des lacunes aux éditions Éric Pesty, pose de nombreuses questions. Il sous-entend une démarche particulière proche du geste d’un dessinateur qui partirait de l’enveloppe de ce qu’il veut représenter. Or ce qui est ici à montrer est le vide : il s’agit de « lacunes », dont l’auteure donne la définition du dictionnaire en quatrième de couverture. Mise en évidence du vide ? Manière de le cerner et le remplir ? Contrairement aux « usages », le titre ne se trouve pas sur la première de couverture.

Le pont d'Aiguine en 1950, aujourd'hui englouti sous le lac de Sainte-Croix © X-D.R., collection Pierre Lambotin

Le pont d’Aiguine en 1950, aujourd’hui englouti sous le lac de Sainte-Croix © X-D.R., collection Pierre Lambotin

Il y a juste une ligne qui se referme sur elle-même, avec des allures de fractal. Dorothée Volut expliquera lors d’une rencontre qu’il s’agit du contour des terres inondées par le barrage de Fontaine-L’évêque, non loin du village où elle habite depuis 2008, après son départ de Marseille, à Artignosc-sur-Verdon. Puis le titre « contour des lacunes » se découvre seul, en lettres majuscules après la première page blanche, et enfin apparaît d’une façon « classique » en lettres italiques au centre d’une page qui dévoile le nom de l’auteure et celui de l’éditeur.

Les mots sont ainsi mis en scène.
L’écriture naît du paysage qui modèle les êtres même lorsque ceux-ci croient les avoir transformés. Les mots sont mis en scène au fil des textes répartis en huit parties dont un prologue qui donne la clé de la composition du livre : «Raconter. Recoudre les pièces d’un manteau éparpillé aux quatre vents du temps et de l’espace ». La matérialité de l’écriture est elle aussi évoquée, depuis le « crayon de bois » des premiers mots aux cahiers ou petits papiers.
Car l’écriture est aussi matière, laine que l’on étire, dessin particulier des lettres… « Incurve une seule lettre / pour faire saliver l’invisible ».


Contour des Lacunes, Dorothée Volut, Éric Pesty éditeur

La forme de l’expression varie, poèmes en vers, en prose, extraits de journal intime, photographies, reproduction de « textes trouvés » (Provençal), relation du « dernier atelier d’écriture de l’année », et l’inclassable « lut-lyr », hommage au photographe et écrivain Édouard Levé qui s’est suicidé le 17 octobre 2008 et au dictionnaire… 
Tout au long des pages émerge une narratrice, l’auteure elle-même qui se refuse à entériner la distanciation d’usage entre le « je » narratif et la personne qui écrit mais se dédouble parfois en un tu qui instaure une conversation, l’indispensable dialogue qui scelle l’existence des êtres.  
Une insistance particulière se pose sur l’incarnation des choses, la place du corps, sa relation aux éléments.

Dans le texte (page 18) « tu veux comprendre », s’exprime la volonté absolue d’être en adéquation avec le temps de la vie, « car nous vivons dans l’immensité de la chanson du corps ». La photographie est aussi un art très présent dans le recueil. Un chapitre lui est entièrement consacré, sans aucun commentaire, établissant une sorte d’équivalence entre le formulé et les photos. Les textes des autres chapitres sont nourris d’images, ajoutant aux formes et aux couleurs, les parfums, les mouvements du vent, les sons de la nature ou des manifestations humaines qui les traversent. Une relation puissante relie l’auteure à la nature. Se dessine entre elle et le monde une véritable osmose (« en hiver la neige enrobe mes muscles jusqu’à devenir la pulpe de ma chair »). Cette porosité est propice aux alchimies d’un texte qui prend des allures initiatiques, transmutation de la « bûche de chêne », la graphie du stylo devient laine qui s’étire, rappel des Parques (?), l’enfant de Dorothée Volut se nomme Hiram, le maître d’œuvre du Roi Salomon, l’initiateur et l’architecte par excellence…

Dorothée Volut © X-D.R.

Dorothée Volut © X-D.R.

Le poème est le lieu des temps de légendes, « seul lieu habitable » finalement lorsque se pose la question des impermanences humaines qui engloutissent les terres par la construction de barrages qui se voient ensuite abandonnés et laissent les pierres disparues ressurgir des eaux. « Est-ce que les cercles d’onde peuvent tenir lieu de racines » ? Le texte finement structuré par une ponctuation précise donne son rythme au lecteur lui rendant sensible sa propre respiration. Les remuements du monde passé et présent affleurent, telle l’horreur de la guerre de Gaza, d’une telle indécence face aux « roses sur le mur de béton », « ramassis de conneries » (page 54) dixit le grand-père, personnage fondateur… Difficile d’être au monde ? La poésie est-elle le seul endroit où l’on puisse condenser la mémoire ? 
Les pierres veillent dans leur « solitude calcaire ». Une jonction s’effectue entre le minéral et le vivant, avec la « pierre greffée » d’un rêve. Sans doute, par leur apparente pérennité les pierres mettent en évidence le vide que nous laissons/laisserons : « le vide laissé par moi dans ce lieu où je vivais » … 
On se plaît à arpenter le livre au gré aléatoire des pages, il n’en est pas une où l’on ne s’attarde, happé par finesse des traits, la sensible approche du monde, la capacité à saisir les moindres frémissements des jeux de la lumière et de l’ombre, la palette d’aquarelliste, la douceur qui n’édulcore rien des violences mais permet de conclure sur « le dessin délicat d’une rose »…

Contour des Lacunes, Dorothée Volut, éditions Éric Pesty
Contour des lacunes de Dorothée VOlut a été présneté à la médiathèque de Brignoles le 23 mai 2025 dans le cadre des Eauditives  organisées par les éditions Plaine Page.

Pour l’amour du spectacle mais pas que !

Pour l’amour du spectacle mais pas que !

 Nous sommes déjà dans la période des présentations de saison, des premiers abonnements, de l’effervescence de l’anticipation des merveilles à découvrir l’an prochain. Et chaque lieu se plie au délicat exercice du dévoilement des propositions futures.

L’amoureux du spectacle vivant qu’est Dominique Bluzet, directeur des Théâtres et du théâtre d’Arles mais aussi, acteur, metteur en scène, producteur, transforme ce passage rituel en un véritable seul-en-scène théâtral de haute voltige.

Cabotin espiègle, porteur de projets d’envergure, fin connaisseur des êtres et du monde du spectacle vivant, il tient son public en haleine, s’adresse aux acteurs présents, rappelle leurs souvenirs communs, les taquine tout en leur témoignant son admiration.
 Sa présentation, quasiment sans notes (juste quelques pages sur un pupitre disposé non loin de lui), ne se contente pas d’une énumération des spectacles à venir, mais passe par une véritable réflexion sur ce qui rend le théâtre indispensable, et sur la place de l’art dans nos sociétés.

Dominique Bluzet © Caroline Doutre

Dominique Bluzet © Caroline Doutre

Il fait un détour historique, passe par une analyse des architectures de pouvoir et souligne les spécificités d’Aix-en-Provence et de Marseille : si les places principales de la plupart des villes mettent en scène les pouvoirs, alignant les bâtiments représentant les pouvoirs politique, judiciaire, religieux et artistique, la construction des deux grandes villes des Bouches-du Rhône n’a pas suivi ce schéma pour de multiples raisons.
Intégrer les lieux de spectacle dans les villes, donner du sens aux quartiers dans lesquels ils se trouvent, devient un enjeu : « un théâtre est aussi un projet politique », souligne Dominique Bluzet.

La construction politique du spectacle, les enjeux de la diffusion, du partage et de la création artistique poussent le directeur de théâtre et artiste à réfléchir son travail : pas de programmation « hors-sol » donc, mais une saison en lien étroit avec un territoire, une volonté de rendre l’art accessible à tous par des dispositifs divers, que ce soit grâce à l’ASSAMI et la retransmission en direct des spectacles dans les lieux où résident ceux qui ne peuvent se déplacer, le remarquable effort de médiation destiné à accueillir vraiment tous les publics dans les théâtres,

La saga de Molière, CIe Les Estivants © Les Théâtres

La Saga de Molière/ Cie Les Estivants © Les Théâtres

(accompagnement proposé aux personnes fragiles ou présentant un handicap, séances en audiodescription ou en langue des signes, dispositifs adressés aux mal-voyants avec des maquettes tactiles rendant plus évidents les lieux, encadrement musical grâce à l’ensemble Café Zimmermann pour les enfants sourds, les concerts Heko, les « artiste à la Maison », l’action senior…).

D’autre part, une large place est donnée aux présentations de spectacles, que ce soit avec « parlons musique avec l’ensemble Café Zimmermann, les avant-scènes musique une heure avant le concert avec Jean Nico, les bords de plateau, les représentations scolaires, l’élaboration d’un « quartier des arts » à Marseille autour du théâtre du Gymnase.
Le travail effectué en direction des publics (« sans le public, nous ne sommes rien » se plaît à rappeler Dominique Bluzet) ne fait pas oublier les artistes ! Une aide intelligente est apportée aux compagnies, grâce au label issu du plan ministériel « mieux produire, mieux diffuser » (trois spectacles en seront bénéficiaires cette année).

Café Zimmermann © Les Théâtres

Café Zimmermann © Les Théâtres

Les compagnies locales sont soutenues, parmi elles, à noter, la Cie des Estivants dont les deux spectacles, La Saga de Molière (lire ici) et C’est pas parce qu’on n’a rien à dire qu’il faut fermer sa gueule (lire ici) sont en train de faire le tour de France, de même que Mozart et nous, fantaisie radiophonique, créé par Célimène Daudet et Anna Sigalevitch lors du Festival de Pâques 2024. Une aide forte à la création par le biais de coproduction a été mise en place, neuf seront présentées cette année, dont le superbe Le Lac des Cygnes d’Angelin Preljocaj, un compagnon de route au long cours, Le roi et l’oiseau par la Cie (1)Promptu (Émilie Lalande), Thélonius & Lola de Kribus mis en scène par Agnès Régolo, Cinq versions de Don Juan, dernière création de la Compagnie Grenade de Josette Baïz, mais aussi, en création mondiale dans le cadre du Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence, The story of Billy Budd, Sailor d’Olivier Leith et Ted Huffman. Soutenant la création, le Grand Théâtre de Provence accueillera la jeune et talentueuse compositrice Camille Pépin à la suite d’une commande croisée avec l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège.

La connivence avec les autres théâtres ira jusqu’à l’accueil du Théâtre National de Strasbourg, le TNS. 

Bien sûr, les pièces destinées au théâtre du Gymnase, toujours en travaux, essaimeront dans les salles amies.
Les grands noms, Fanny Ardant, Ariane Ascaride, Anne Brochet entre autres constellations émailleront la saison sans occulter les artistes peu ou pas encore connus ou reconnus. Théâtre, musique, cirque, danse, seront au rendez-vous avec leur puissance d’émotion, de réflexion, de créativité. 
Impossible de citer la belle centaine de spectacles programmés ! Leur éclectisme n’a qu’un point commun, une indéniable qualité qui se situe toujours dans une interrogation du monde et nous donne à l’aborder avec plus de pertinence.

Camille Pépin © capucine de Chocqueuse

Camille Pépin © Capucine de Chocqueuse

La pertinence sait aussi être impertinente et provocatrice, parfois avec un irrésistible esprit potache! En pied de nez par-delà les années au directeur de l’École de dessin et conservateur du musée d’Aix dans les années 1900, Henri Pontier, qui se serait exclamé, « moi vivant, aucun Cézanne n’entrera au musée ! », Dominique Bluzet propose « seize ânes » ! D’abord parce que Cézanne en avait un et que ces animaux doux seront employés pour des balades familiales autour des sites qui ont inspiré le peintre et seront l’occasion pour le compositeur Marc-Olivier Dupin de lui rendre hommage grâce à un conte musical (autre commande des Théâtres) dans lequel il est question d’un marchand voleur, de seize ânes et d’une transformation inattendue… « En cette année hommage à Cézanne, il entrera au musée Granet par un jeu de mots » s’amuse Dominique Bluzet.

Bien sûr, le rendez-vous désormais rituel du Festival de Pâques concocté avec le grand violoniste Renaud Capuçon réserve son lot d’enchantements. Les artistes en résidence, comme Jérémie Rhorer et son Cercle de l’Harmonie ou Café Zimmermann s’investiront encore dans de nombreuses actions pédagogiques sur le territoire.
Et si vous n’allez pas au théâtre le théâtre viendra à vous grâce à l’opération « Aller vers » que les artistes et les théâtres reprennent avec enthousiasme : des formes courtes, facilement transposables seront données dans des cafés, des petites places, des bas d’immeubles…

Cinq Don Juan / Cie Grenade © Cécile Martini

Cinq Don Juan / Cie Grenade © Cécile Martini

Provocateur, Dominique Bluzet lance « honneur à nos élus ». Se référant aux totems portant l’inscription « honneur à nos élus », vus dans certains villages d’Auvergne devant la maison des édiles locaux pour les remercier de leur travail, il remercie les élus des différentes strates de l’organisation politique de leur soutien et de leur aide constante et attentive. « On ne leur adresse la parole que pour se plaindre ! Sans les aides accordées aux théâtres, on devrait fermer boutique ! ».
Enfin, pour la première fois la saison est dédiée à une personnalité : Pierre Audi, directeur du Festival international d’Art lyrique d’Aix, disparu bien trop tôt le 3 mai 2025, véritable tsunami qui a bouleversé le monde de la musique.

Toute la programmation de la saison 2025-2026 est déjà consultable sur le site des Théâtres : lestheatres.net