Le festival Soirs d’été à Silvacane refermait sa quatrième édition par un grand concert qui menait les auditeurs dans le dédale des multiples représentations musicales du Japon

« Je suis très attachée à l’orchestre d’harmonie que l’on considère trop souvent comme le « parent pauvre » de l’orchestre symphonique. D’autre part, il est important de montrer que la Musique de la Marine nationale n’est pas qu’une formation destinée à accompagner des moments officiels, mais un grand orchestre capable d’aborder n’importe quel répertoire classique ou contemporain », sourit la cheffe d’orchestre Marie Faucquer lors de sa présentation.

Invitation au voyage

Le programme de la soirée était entièrement consacré au Japon à travers un florilège d’œuvres offrant leurs représentations du pays du soleil levant. En ouverture, la brillante Fanfare for Tokyo, commande du Tokyo Wind Symphony Orchestra pour célébrer son 50ème anniversaire en 2023 au compositeur anglais Philip Sparke, permettait à l’orchestre de souligner sa virtuosité. Le thème central scandé sur les percussions ostinato est donné par les bassons puis repris par l’ensemble tandis que les cors et les tubas ténor se lancent dans d’acrobatiques variations que viennent ourler les bois. Hymn to the sun du contemporain Satoshi Yagisawa (né en 1975) déployait ses pages imagées, depuis le lever du soleil à son zénith, auquel les oiseaux des bosquets voisins semblaient répondre. Une entrée pailletée était suivie d’élégants crescendos qui se repliaient sur le pupitre des clarinettes, puis laissaient éclore les voix des musiciens, en une célébration éblouie. ​

Concert de la Musique de la Marine Nationale à Silvacane

Concert de la Musique de la Marine Nationale à Silvacane © Laurence Patermo

Comme un livre d’images, se feuilletait la Symphonie n° 4, Bookmarks from Japan, de Julie Giroux, dessinant sa vision occidentale du Japon à travers six estampes délicatement ciselées. Apparaissaient tour à tour Le Mont Fuji, l’ancien marché Nihonbashi, esquissé dans l’esprit du folklore japonais, coloré et effervescent, la Grande Vague de Kanagawa, le célébrissime tableau d’Hokusai, la Porte du Tonnerre d’un temple de Kyoto, Kinryuzan, Temple in Asakusa, moment privilégié pour les percussions, Les neiges de Kambara (Evening Snow at Kambara), qui convient à un voyage intérieur charpenté par les accents de la flûte alto, instrument le plus proche du traditionnel shakuhachi, flûte japonaise en bambou, enfin, Hakone, clin d’œil à un jeu vidéo qu’affectionne la compositrice, avec ses courses de voiture et ses virages en épingle à cheveu.

Les paradoxes du Japon en équilibre entre le rêve d’un univers immuable et la fragilité des choses,-dans un pays où tout peut être remis en question très vite avec tsunamis et tremblements de terre-, se voient condensés dans La Danse du Phénix de Toshio Mashima, avec sa palette frémissante et une certaine nostalgie presque jazzique. Comment évoquer le Japon sans passer par les dessins animés ! Une série emblématique, Hana Yori Dango, une jeune lycéenne se bat et s’impose contre quatre garçons (Tsukushi de Yamashita Kosuke dans un arrangement de Marie Faucqueur) et le thème de Mon voisin Totoro de Joe Hisaishi, subjuguaient par leur inventivité.

Concert de la Musique de la Marine Nationale à Silvacane

Concert de la Musique de la Marine Nationale à Silvacane 2 © Laurence Patermo

Pour finir Omens of Love de T-Square, groupe japonais de jazz fusion nous faisait définitivement entrer dans le temps présent. Un régal !

Le 7 juillet Abbaye de Silvacane