À l’occasion de l’Olympiade culturelle Paris 2024, la Philharmonie de Paris-Orchestres Démos et le Groupe Grenade-Josette Baïz ont construit un projet artistique original baptisé La Vie fantastique.
Les deux dispositifs, Démos et Grenade, répondent à la même ambition d’inclusion, d’excellence, de diversité culturelle et de démocratisation réelle des pratiques artistiques, valeurs partagées avec le sport et dans l’esprit des Jeux Olympiques.
Si le spectacle donné à Paris comprenait en ouverture l’œuvre de Laurent Elbaz, L’incroyable épopée de Ferdinand le gabian, en présentation de Marseille, celui, « définitif » proposé au public du Grand Théâtre de Provence, s’ouvre sur un superbe « pas de deux » ou plutôt « duo », inspiré par la « Mystique » planète Neptune de Gustav Holst. Les jeunes danseurs, Lilith Orecchioni et Marius Iwasawa-Morlet évoluent sous une voûte céleste étoilée traversée par l’énorme planète bleue.
La vie fantastique © Leo Ballani
On plonge dans un univers onirique que semblent vouloir déchiffrer ces deux êtres qui dessinent au fil de leurs danses la riche palette des émotions humaines.
Sur scène, il n’y a plus les deux-cents musiciens de Démos, mais leurs musiques enregistrées continuent d’accompagner les trente-cinq danseurs et danseuses du Groupe Grenade, sur des partitions de Holst, Ravel, Moussorgski, Grieg, Thoinot Arbeau, mais aussi des musiques traditionnelles d’Indonésie, d’Afrique du Sud et des Balkans, le tout tissé sur les compositions d’Alexandros Markeas.
On plonge dans un univers onirique que semblent vouloir déchiffrer ces deux êtres qui dessinent au fil de leurs danses la riche palette des émotions humaines.
La présence d’une toute jeune danseuse vêtue d’or sur Belle qui tient ma vie de Thoinot Arbeau suffira seule à emplir la scène !
La maîtrise et l’élégance gestuelle de chaque interprète ont les qualités des troupes professionnelles avec un élan supplémentaire, un investissement total.
Les corps sont habités par la conviction d’accomplir une tâche vitale par laquelle ils se dépassent.
La vie fantastique, répétitions à la Philharmonie de Paris © Groupe Grenade
À la suite d’une petite fille, personnage central du conte imaginé par la directrice artistique et infatigable chorégraphe Josette Baïz, une assemblée d’enfants est invitée à parcourir le monde, visitant par le biais des danses et des musiques les contrées et les époques les plus lointaines, apprivoisant par leurs élans les remuements des peuples et des mondes.
Les masques (création Noëlle Quillet) reliant les humains et les animaux, les costumes (Claudine Ginestet) soulignent l’inventivité chorégraphique. Ici, rien n’est destiné à entrer dans des cases : les diverses techniques de danse, du classique au hip-hop, sont au service de l’expression.
On ne s’attardera pas sur les évolutions réglées au cordeau, si superbement interprétées qu’elles atteignent la fluidité des grandes œuvres, mais on soulignera la puissance expressive des danseurs, leur virtuosité habitée.
La vie fantastique © Yvon Alain
Le jeu est ici dépassé pour une implication totale des êtres. Cette force est aussi sensible lorsque les enfants s’arrêtent devant un micro et livrent des poèmes où la beauté de la Terre, sa variété, ses mystères enchantent notre monde et demandent à être aimés et préservés. Les voix claires sont bouleversantes d’intensité et de naturel.
Ajoutons les fantastiques mouvements d’ensemble, les vagues de bras sur un thème indien, les rythmes d’une époustouflante précision, marqués par les pieds bottés de rouge et les mains qui frappent en cadences qui s’accélèrent au-delà des possibles.
La vie est une joie qui se partage. L’aventure qu’elle nous offre, malgré les difficultés qui ne s’occultent pas, nous conduit à la découverte de soi et des autres, et c’est ainsi que le monde devient vivant.
La vie fantastique © X.D-R
La Vie fantastique a été en représentation au Grand Théâtre de Provence les 5 et 7 novembre 2024
Pour ceux qui ont raté le spectacle, séance de rattrapage au théâtre des Salins de Martigues le 9 avril 2025
La vie fantastique © Leo Ballani
Josette Baïz © Philippe Biolatto (Aix-Mag)
Thoinot Arbeau, chanoine Jean Tabourot de son vrai nom (comme tant d’autres, son pseudonyme est l’anagramme de son nom), fut l’auteur du premier manuel de danse indiquant avec précision les pas à exécuter en regard de la partition musicale, l’Orchesographie ou Orchesographie et traicté en forme de dialogue par lequel toutes personnes peuvent facilement apprendre & practiquer l’honneste exercice des dances, publié en 1589. Est-ce un clin d’œil à l’histoire de la danse de la part de Josette Baïz ?