En avant-première des manifestations de la Vague Classique, était donné dans l’écrin de la Collégiale Saint-Pierre un concert d’anthologie réunissant sur une même scène l’Ensemble Matheus dirigé par le violoniste Jean-Christophe Spinosi et la mezzo-soprano Cecilia Bartoli dans sa robe verte de fée. Deux compositeurs baroques, Vivaldi et Haendel, étaient au programme.

 L’orchestre, finement mené, sculptait chaque pièce et en laissait percevoir de nouvelles saveurs. Jamais on n’avait entendu de tels contrastes dans les premiers mouvements de L’Été (L’Estate) et de L’Hiver (L’Inverno) des Quatre Saisons de Vivaldi, avec des pianissimi délicats, posés sur le fil, et des élans incandescents. Chaque passage était saisi dans la justesse de son propos, nuancé, ciselé, creusé en intaille, que ce soit l’Ouverture de Rinaldo de Haendel, où apparaissent jardin, oiseaux, dialogues amoureux, tableautins imagés au cœur desquels l’imagination se joue, ou l’Ouverture et la Suite de danses d’Ariodante qui dessinent des pas de ballets, glissant de la gavotte au rondeau et à la bourrée. 

Cecilia Bartoli, Vague Classique à Six-Fours-les-Plages avec l'Ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi

Bartoli_Matheus©sixfoursvagueclassique_02avril2023

La cantatrice apportait aux airs la délicatesse de ses aigus et la largeur de ses graves, mais surtout les interprétait en actrice. Sublime dans le célébrissime Lascia la spina cogli la rosa (Aria du plaisir dans Il trionfo del tempo e del disinganno), toute colère dans l’air de la jalousie de Melissa de l’Amadigi di Gaula, elle savait aussi jouer avec l’orchestre, prenant le public à témoin, espiègle, donnant la réplique à la flûte piccolo (Jean-Marc Goujon) de l’Augelletti, che cantate jusque dans la travée de la nef, au milieu des spectateurs, bouleversés par une telle proximité avec l’artiste. 

Cecilia Bartoli et l'ensemble Matheus dirigé par Jean-Christophe Spinosi à la Collégiale Saint-Pierre dans le cadre de Vague Classique

Cecilia Bartoli et Ensemble Matheus le 2 avril 2023 ©sixfoursvagueclassique

Tragédienne, amoureuse, vengeresse, mélancolique, Cecilia Bartoli fut tout, émouvante, lumineuse. Son passé de danseuse transparaissait dans ses mimes, ses pas esquissés sur scène, la position de ses bras qui redessinaient l’espace. On rit à son duo/duel avec la trompette (Bruno Fernandes) qui avait d’abord jouté avec le hautbois (Daniel Bates). C’est elle qui remporta la palme lorsque les deux complices s’emballèrent dans un air de jazz qu’elle reprit avec maestria en un Summer time (Porgy and Bess) virtuose, foisonnant d’entrechats et d’ornementations jazzées et baroques. Éloquente démonstration que le classique est par essence populaire. Moment de grâce vivifiant.

 

 Concert donné le 2 avril Collégiale Saint-Pierre, Six-Fours-les-Plages

À venir dans le cadre de la Vague Classique

Nuits du Cygne  27 mai au 18 juin

Festival de la Collégiale 1er au 19 juillet

Concerts de la lagune 2 au 16 septembre

www.sisfoursvagueclassique.fr