Régulièrement invité au Grand Théâtre de Provence, l’Orchestre national Avignon-Provence mené par Deborah Waldman se glissait dans des œuvres de Mozart et de Tchaïkovski

Le Concerto pour piano n° 24 en ut mineur K.491 de Mozart (un des rares concertos du compositeur à être en tonalité mineure) offrait un équilibre soyeux au cantabile de David Kadouch. Le pianiste, vêtu de sa vareuse noire, choisissait une interprétation d’enfant sage.

L’intime trouvait ici une expression douce loin de la surprenante « énergie sauvage et désespérée » dont parlait Olivier Messiaen à propos du premier mouvement cette œuvre dont l’écriture n’est pas sans préfigurer le Beethoven des dernières années. La sérénité du piano, son raffinement, son élégance expressive, dialoguent dans le Larghetto avec l’allégresse des bois puis l’instrument moire ses effets dans l’Allegretto finement espiègle. Le tragique, le sentiment de douleur souvent attribués à cette œuvre sont éludés dans cette interprétation raffinée aux allures de confidence.

David KadouchPhoto: Marco Borggreve

David Kadouch © Marco Borggreve

En bis, le subtil musicien, défenseur des musiques « oubliées » interprétait la Mélodie opus 4 n° 2 de Fanny Hensel Mendelssohn, lumineuse de simplicité.

Après l’entracte, les rangs de l’orchestre s’étoffaient pour une approche d’anthologie de la Symphonie n° 6 opus 74 de Tchaïkovski. Ce dernier avait donné le titre de Symphonie passionnée à ce qui sera traduit par Pathétique en français pour évoquer ce testament du compositeur russe. Le lyrisme poignant de l’œuvre, sa puissance, ses élans, ses scansions tumultueuses, étaient rendus avec un talent de coloriste hors pair. La cheffe ne cherche pas à imposer une vision, mais suit les intentions du compositeur, entre dans sa dramaturgie, en épouse les respirations, les contrastes, les exaltations, sans jamais tomber dans le mièvre.

Debora Waldman par  Lyohdo Kaneko

Debora Waldman © Lyohdo Kaneko

Les cuivres resplendissent, la texture des cordes étoffe les richesses harmoniques, sous une baguette aussi fluide qu’inspirée et incisive.

Spectacle donné au Grand Théâtre de Provence le 9 novembre