Soirée mémorable de clôture pour le Festival Durance Luberon ! Après s’être attaché à des formes musicales variées, jazz, classique, lyrique, arpenté les lieux patrimoniaux du Luberon, fait « salle comble » et refusé du monde par trois fois tant la formule est plébiscitée par les publics et les artistes (pour la plupart de la région, rareté militante dans le domaine de la culture aujourd’hui !).
Le pianiste et arrangeur Vladik Polionov, directeur artistique du festival, sait avec intelligence réduire les plus grands opéras et format de poche. « Hier, nous avons eu une Carmen d’anthologie, confiait l’une des organisatrices bénévoles, avec Julie Robard-Gendre dans le rôle-titre ! ». Luc Avrial, président du festival, sourit : « nous ne souhaitons pas changer. Que le public soit au rendez-vous-même en excès, nous réjouit, mais nous ne voulons pas grossir, juste rester dans des proportions humaines conviviales, avec le marchand de glaces du coin, (vous avez goûté ? c’est excellent !), les produits locaux, les petites places emplies de charme comme celle où nous nous trouvons ce soir, à Grandbois. La proximité entre les artistes et le public, l’implication fidèle des bénévoles (nous le sommes tous à part les techniciens), la diversité de ce qui est proposé à des tarifs plus qu’acceptables, ne serait plus possible et un autre esprit, nous n’en voulons pas ! ».

Les chansons « brasilofrançaises » d’Aurélie et Verioca étaient conviées le 19 août sur la place aux hautes murailles moyenâgeuses de Grandbois. « On leur raconte ? » Paris, le Blue Note, les artistes du Brésil, la fascination pour ces musiques aux thèmes et aux rythmes si riches prennent vie dans les accords de la guitare de Verioca (Verioca Leherm). « Elle vient d’où la chanson ? / De la guitare/ du bois / de la forêt… » un oiseau passe, Vérioca imite tout, les mouettes (ou un chat qui miaule ?), les oiseaux, le vent dans les branches, les sons d’un carnaval survolté, le coassement d’une grenouille, les instruments de cuisine (oui entre la musique et la cuisine, se tissent de curieuses similitudes de termes, « batterie », « mandoline », « piano »…) puis se substitue aux percussions avec des démonstrations éblouissantes de beat box. On rit aux « rythmes de Lacan » et de la « psychanalyse française », on voit les chèvres de l’expression (« devenir chèvre ») devenir des vaches, « vaca ! ».

On s’embarque pour traverser la mer, les flots se déversent sur la place, les rêves relient les êtres, les échos des musiques de Baden Powell ou Bill Evans croisent ceux de Michel Legrand, avant de fusionner dans les compositions de la guitariste virtuose sur lesquelles l’interprète a posé ses mots. « Je ne me considère pas comme poète, sourit-elle après le spectacle, j’écris sur les musiques que Verioca m’envoie ». Il est question d’amours, de la planète, d’un tableau de Michel Tyszblat, père d’Aurélie (disparu en 2013), de contes de l’enfance (« Accrochée aux pages, je déambulais »), de choro enfin, toujours !

Aurélie et Verioca au Festival Durance Luberon

Aurélie et Verioca © SOÏME Rémy

Les voix des deux musiciennes se complètent finement, leurs timbres différents s’accordent avec une irrésistible poésie.  Abandonnant les micros les deux complices en dernier rappel entonnent avec le public le refrain « indispensable et universel au Brésil », Lala Laïa pour affirmer Viver é ser feliz !( « vivre c’est être heureux »). Félicité partagée en cette conclusion du festival. On se dit « à l’an que ven » : la prochaine édition débutera le 3 août 2024.

Le concert de clôture du festival Durance Luberon a été donné le 19 août, place du village à Grandbois