Concert jazzique de haute volée grâce au Trio Wajdi Riahi dans la cour de l’Hôtel Maynier d’Oppède !
Accompagné de Basile Rahola (contrebasse) et Pierre Hurty (batterie), amis de longue date, le pianiste Wajdi Riahidessinait les orbes d’une musique délicatement ciselée, reprenant des pièces de son dernier album, Mhamdeya, dont le morceau titre convie à une évocation nostalgique et un tantinet espiègle de la ville natale du compositeur, et livrant un avant-goût de son prochain opus (l’enregistrement va débuter dans les prochains jours).
Le lyrisme de certaines pièces n’est pas sans rappeler celui d’un Keith Jarret ou d’un Bill Evans, le piano déploie ses orbes, le jeu superbement articulé médite ici, s’emporte là, revient sur soi, s’évade, volutes oniriques… La fusion entre les instruments, leur complicité, permet une osmose rare, où arrangements et improvisations jubilent, vont chercher l’autre, le taquinent, l’appellent, se confient, voyage subtil entre l’intime, les réminiscences et une recherche musicale qui ne cesse de s’affiner et d’explorer de nouveaux territoires.
Avec une pointe d’humour le pianiste présente Inel Blues, dont le titre est dû à une faute de frappe : ce devait être Intel Blues, apocope d’Intellectuel Blues, « car ce n’est pas vraiment du blues », puis les musiciens ont trouvé qu’« Inel Blues sonnait bien et on l’a gardé »… Une anecdote fournit le thème d’un autre morceau, Back to the little room. « Je prenais des cours de piano classique au conservatoire de Tunis, explique Wajdi Riahi, ma prof était merveilleuse. Durant quinze ans j’ai tenté de la revoir. Enfin, un jour, dans sa salle de cours, que le conservatoire nommait « la petite chambre », je l’ai retrouvée, le bonheur de ces retrouvailles avec tous ces souvenirs a fait naître ce morceau »…
Concert Wajdi Riahi Trio, Festival d’Aix-en-Provence © Festival d’Aix-en-Provence
La contrebasse épouse la ligne mélodique, puis dessine ses contrechants, la batterie devient sans baguettes lieu de percussions traditionnelles. Si les passages du premier album citent seulement en échos émus les phrasés de mélodies traditionnelles, et restent complètement dans un esprit jazzique, les pièces du futur opus sont imprégnées du stambeli, le gnawa du Maroc, le jazz se métisse alors en une « road to Stambeli » sur laquelle la voix du pianiste murmure une nouvelle harmonie. Douceur festive qui mène le public à chanter en chœur… La puissance de certaines voix de la salle donna une dimension inattendue au bis!
Le 17 juin, Hôtel Maynier d’Oppède, dans le cadre d’Aix en Juin