Chaque année, le théâtre des Ateliers propose une programmation particulière destinée aux enfants, dont les plus grands profitent avec délectation. La formule en est simple : « lecture plus ». « Qu’est-ce ? » demande avec un sourire espiègle Noëlie Giraud à l’assistance enfantine. Les doigts se lèvent, impatients, nombreux sont les habitués ! Un conte est choisi, et en une semaine, sa lecture « plus » une scénographie minimaliste, une découpe, des costumes, une mise en scène, sont mis en œuvre. Il suffit de trois bouts de cartons, quelques vieux tissus, deux marionnettes pour une mise en abîme théâtrale, et la magie opère !

Le résultat est toujours étonnant d’inventivité, de finesse, d’humour et de tendresse humaine.

Cette année, les deux comédiens, Noëlie Giraud et Bruno Deleu en complicité avec Alain Simon à la direction artistique, ont porté leur verve sur un conte berbère inspiré du Chant de l’imzad de Malika Halbaoui (éditions Cipango) qu’ils ont baptisé « Le petit homme né en colère ».

Le conte est adapté, remanié pour les besoins de la scène.

Le petit homme né en colère © théâtre des Ateliers

Le petit homme né en colère © théâtre des Ateliers

 La jeune femme du conte, Tarzag conquise par l’éloquence de Baly, devient Ayyur, nom d’une divinité lunaire ou même « la lune », adorée par les Berbères dans les temps anciens et son époux, Idir le sage et pourtant si timide (hommage détourné au regretté chanteur Idir ?). Leur enfant ne sera pas Hassen mais Amayas sans doute aussi pour sa signification, « le guépard » en berbère.

Reste l’essentiel, la beauté de la mère et son talent musical qu’elle exerce sur l’imzad en chantant légendes et poèmes, et la colère inexplicable de son enfant pourtant bercé de douceur : il est bien « Le petit homme né en colère » du titre du spectacle. Comment faire cesser les pleurs du nourrisson, des accès de colère de l’enfant, la folie sauvage qui s’empare du jeune homme ? Adulte, il mène razzias, combats, pillages, au désespoir de ses parents. Une rencontre le ramènera à la paix. Sont-ce les mots de son oncle marabout ou ceux d’une femme étrange croisée dans le désert qui disparaîtra comme par magie ? Le chemin pour recouvrer la paix de l’âme ne sera pas simple…

Imzad © COLLECTIE TROPENMUSEUM Langhalsluit (source Wikipédia)

Imzad © COLLECTIE TROPENMUSEUM Langhalsluit (source Wikipédia)

Les remuements de l’âme des personnages sont rendus avec une sensible intelligence. Les deux acteurs se glissent dans les rôles mêlant vivacité et humour. L’imzad est mimé, chantonné. Les visages mobiles rendent chaque expression avec éloquence. On sourit, on rit, on se laisse porter par l’histoire. Les commentaires « off » des deux conteurs, leur spontanéité, accordent au jeu une distanciation qui rend perceptible l’art du théâtre, ce miroir aux alouettes dont les mensonges disent tant de vérités. Quelle école pour les jeunes enfants qui viennent là !

Les remuements de l’âme des personnages sont rendus avec une sensible intelligence. Les deux acteurs se glissent dans les rôles mêlant vivacité et humour. L’imzad est mimé, chantonné. Les visages mobiles rendent chaque expression avec éloquence. On sourit, on rit, on se laisse porter par l’histoire. Les commentaires « off » des deux conteurs, leur spontanéité, accordent au jeu une distanciation qui rend perceptible l’art du théâtre, ce miroir aux alouettes dont les mensonges disent tant de vérités. Quelle école pour les jeunes enfants qui viennent là !

On apprend, on ressent, on s’enrichit de l’autre. Le théâtre donne à penser la vie. La petite madeleine donnée en goûter à la fin du spectacle fait un clin d’œil à une célèbre tasse de thé. Le souvenir s’ancre dans la dégustation du petit gâteau rebondi, et la leçon de l’histoire est alors toute de douceur.
Fabuleux !

Spectacle donné du 16 au 24 octobre puis les 6 et 13 novembre au théâtre des Ateliers, Aix-en-Provence

Le petit homme né en colère © théâtre des Ateliers

Théâtre des Ateliers © théâtre des Ateliers