La Compagnie Zou Maï Prod crée le second volet du diptyque Le rire dans tous ses états, dont le premier acte est né en 2022, Tchatchades et Galéjades, petite forme théâtrale itinérante qui établissait une relation privilégiée entre acteurs et public, comme sait si bien le faire l’acteur Christian Mazzuchini, fondateur et directeur artistique de la compagnie.
Initialement, le comédien rêvait d’un travail sur Pierre Desproges. Cependant revenait régulièrement sous la plume de l’écrivain le nom de Jean-Louis Fournier. Ignorant tout de ce dernier, Christian Mazzuchini se met à le lire. « Comment ai-je pu passer depuis tant d’années à côté de cet incroyable personnage ! (…) je viens de tomber sur une mine de rire » raconte-t-il.
C’en est fait, la prochaine création doit être consacrée à cet auteur prolifique (plus de 40 livres). La puissance d’autodérision de Fournier atteint des sommets, tant la vie lui a été amère, cumulant un lot invraisemblable de malheurs et de tragédies.
Le rire devient alors un instrument de survie. La légèreté contrebalance le poids des fêlures, le rire dans ses pirouettes fait un pied de nez vainqueur au sort qui parfois s’acharne.
De la paille dans la tête ©Thierry Aguila
Le texte de la pièce, De la paille dans la tête, Histoires pour distraire ma Psy, est le résultat d’une compilation de quinze ouvrages de Fournier, solidement construite par Dimitri et Christian Mazzuchini.
Voici un cadre sonore champêtre, un téléphone (de ces antiques avec le cadran qui tourne) laisse pendre lamentablement ses écouteurs et pourtant une sonnerie se fait entendre.
Y répond une voix enregistrée (Marilyne Le Minoux) « Allô Bonjour, nous sommes ravis de vous accueillir à SOS Désespoir »….
De la paille dans la tête ©Thierry Aguila
Le patient (Christian Mazzuchini) entre en scène : verve de mime, étonnement du monde, jeu avec les chants d’oiseaux et d’insectes… « Je suis en analyse depuis trente ans, depuis trente ans j’apprends à vivre »…
Afin de désennuyer sa psy de la monotone rengaine des êtres désespérés qui vont la voir, notre personnage invente des histoires, les peuple d’anecdotes, s’exerce à la blagounette plus ou moins heureuse, s’enlise, rebondit, virevolte comme un papillon entre les sièges « moches » de la salle d’attente et les mots, se réinvente, véritable objet littéraire qui embarque à sa suite tout un univers dans sa chaotique et fascinante divagation.
De la paille dans la tête ©Thierry Aguila
Les messages téléphoniques viennent s’insérer, cruels et si vrais, tels de lancinants refrains. Le texte est une partition musicale sur laquelle viennent se poser pensées et émotions « à sauts et à gambades », un Montaigne du rire sur des musiques de Dimitri et Sacha Mazzuchini et la complicité de la petite chienne Gina, une habituée des planches ! Un régal, « et voilà ».
Avant-premières les 26 et 31 juillet au Village des Fadas du monde, Martigues
Le « et voilà » final est à découvrir, il scande en ritournelle la pièce.