Deux noms du répertoire romantique sont à l’honneur dans le CD intitulé Romances, concocté par le flutiste Emmanuel Pahud et le pianiste Éric Le Sage, complices de longue date qui fêtent cette année les trente ans du Festival international de Musique de chambre de Provence qu’ils ont fondé avec le clarinettiste Paul Meyer. Schumann et Mendelssohn, Robert et son épouse Clara pour le premier nom, Felix et sa sœur Fanny pour le second, sont abordés par le biais de courtes pièces, originellement non écrites pour la flûte.

Les compositeurs ne la privilégiaient pas en soliste, tant elle présentait de difficultés techniques.  L’instrument n’ayant trouvé sa forme moderne qu’en 1847 et comme prototype alors, grâce au fabricant allemand d’instruments à vent, Theobald Boehm ! Ainsi, les trois Romances opus 94 de Robert Schumann écrites pour hautbois (et offertes en cadeau de Noël à Clara) ont été transcrites pour flûte par Jean-Pierre Rampal, tandis que ses trois Fantasie-Stücke opus 73 étaient pensée pour clarinette, les trois Romances op. 22 de Clara Schumann pour le violon (elle les dédia au violoniste virtuose Joseph Joachim) de même que les six Lieder de Fanny Mendelssohn et la Sonate en fa de Felix Mendelssohn. Tant pis pour les acharnés de la distinction entre féminin et masculin, la pâte musicale est d’une singulière homogénéité. 

Romances, Emmanuel Pahud et Eric Le Sage

La flûte épouse les lignes mélodiques avec un subtil velouté qui se love dans l’écrin d’un piano qui ourle les phrasés de sa rivière miroitante de notes. On se laisse porter par l’éblouissante palette des deux musiciens, le souffle quasi sans limites de la flûte qui muse et virevolte sur les partitions les plus acrobatiques, rejoint les élans du piano, danse, rêve, pirouette, s’exalte, s’alanguit, redessine l’orbe des émotions, les enveloppe de sa toile sonore. Frémissements nuancés, délices…

Romances, Emmanuel Pahud & Eric Le Sage, (livret en allemand, anglais et français) Warner